Crime contre l’humanité
NEGRICIDE
Pour sa nouvelle série de peintures à la pierre noire et l’acrylique produite en 2015-2016, GELAS s’est inspiré du néologisme inventé par le critique d’art guadeloupéen Jocelyn Valton: «négricide», dans un texte publié en 2015. Associant « nègre » et « homicide », ce terme désigne «l’ensemble des meurtres de masse, ou au caractère moins étendu, perpétrés sur une grande échelle de temps, allant du XVème au XIXème siècle, contre les Africains réduits en esclavage par des trafiquants pour les colons européens (Portugais, Anglais, Français, Hollandais) dans le contexte raciste de la traite négrière transatlantique ».
C’est suite à une déclaration de François Hollande le 27/01/2015 à propos de la Shoah, qualifiée de plus grand génocide jamais commis et de la lettre ouverte de l’artiste guadeloupéenne Joëlle Ursull dénonçant la hiérarchisation des horreurs de l’Humanité, que s’ensuivent les réactions de nombreux intellectuels. Interpellé par ces débats et du texte de Jocelyn Valton, GELAS décide de proposer une série de peintures introspectives et engagées qui questionnent ses origines et celles des afro-descendants caribéens, sur fond ocre rouge rehaussé de noir, symboles de la peau noire et du sang. L’esclavage y est évoqué dans son extrême violence, renforcée par le truchement de la représentation animale. L’idée que la traite négrière ait sa propre appellation, Négricide, a inspiré à GELAS cette série de peintures qui en traduisent le caractère inhumain via des métaphores faisant référence au monde animal et aux objets. Il représente les divers châtiments que pouvait subir quotidiennement les esclaves : traversée de l’Atlantique entassés dans les cales des navires, lynchages, pendaisons, crémations en masse, viols routiniers, pieds et mains coupés, ou encore finir dévoré par des chiens, le tout détaillé et légiféré dans le Code Noir, sont quelques exemples du caractère génocidaire de la traite négrière évoqués dans ses peintures. Ce travail trouve tout son sens aujourd’hui alors que la question des réparations se pose parmi les afro-descendants.